Pesticides ou Santé, faut choisir?

QUESTION DU SENATEUR MADRELLE AU MINISTRE DE L'AGRICULTURE SUR LES PESTICIDES

Il évoque le cas de mon frère ainsi que celui du papa de Valérie La Mue.

QUESTION ORALE Mardi 7 Janvier 2014

Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, Mes chers Collègues,

En ce tout début d'année, il m'apparaît essentiel d'appeler votre attention sur les effets toxiques et les conséquences dramatiques de l'exposition et de la manipulation de mélanges complexes de produits chimiques et de pesticides par les viticulteurs.

Alors que nous assistons à une évolution vers une agriculture raisonnée, soucieuse d'une moindre dépendance de l'utilisation des produits chimiques, alors que l'adoption à l'unanimité le 19 Mars dernier dans cet hémicycle de la proposition de loi de notre collègue Joël Labbé visant à mieux encadrer l'utilisation des produits phytosanitaires et traduisant les propositions contenues dans la Mission Commune d'Information sur les pesticides et leur impact sur la santé et l'environnement, on déplore que le recours aux pesticides se soit beaucoup accru ces dernières années.

La France reste au monde un des plus gros consommateurs de pesticides et occupe la première place au niveau européen. Triste constat!

L'Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale vient de publier une expertise collective concluant à la réalité des risques sanitaires pour les populations vivant près des zones d'application et pour le personnel agricole.

En Gironde, des familles de viticulteurs endeuillées tentent de faire reconnaître les cancers comme maladies professionnelles : deux cas - un dans le Médoc (Listrac) et un autre dans le Libournais (Pujols/Dordogne) viennent d'être révélés par la presse nationale et régionale.

Les familles de ces viticulteurs décédés en 2009 et 2012 des suites d'un cancer du poumon dont décidé d'engager des actions en justice pour faire reconnaître la responsabilité de l'exposition et de l'utilisation de produits phytosanitaires contenant de l'arsenic de soude communément appelé de l'arsenic.

L'arsenic de soude est un fongicide utilisé pour prévenir la contamination de la vigne par l'ESCA - maladie du bois de la vigne. Classé toxique et dangereux pour l'environnement, l'arsenic est reconnu comme cancérigène. Interdit en 2001 par le Ministère de l'Agriculture, il continue de tuer en silence et dans l'indifférence tous ceux qui ont été exposés.

Ce drame sanitaire n'est pas sans rappeler celui de l'amiante, qui interdite depuis 1997, continue de tuer.

C'est ainsi que pour traiter leurs vignes, depuis les années 1960 jusqu'aux années 2000, des milliers de viticulteurs ont manipulé des produits phytosanitaires sans gants, ni masques, sans aucune information sur la toxicité de tels produits.

La difficulté des familles des malades et des victimes réside dans l'obligation qui est faite d'apporter la preuve du lien entre la maladie et l'exposition aux pesticides.

C'est ainsi qu'entre 2000 et 2010, la MSA n'a reconnu que 50 cas de maladies professionnelles dues à l'usage de produits phytosanitaires.

L'association des victimes des pesticides -Phyto-Victimes estime à plus de 100 les dossiers classés sans suite par la MSA. Monsieur le Ministre, je vous laisse imaginer le désarroi de ces nombreuses familles partagées entre le souci et les exigences d'une belle récolte et de rendements satisfaisants et les dangers du piège de l'empoisonnement chimique à petit feu...

Vous comprendrez, Monsieur le Ministre, que l'on ne peut laisser toute une profession face à un tel dilemme!

Un devoir d'information s'impose! Les viticulteurs doivent avoir la possibilité d'utiliser d'autre produits classés non toxiques et les autorisations de mise sur le marché doivent être pluset mieux contrôlées.

En outre, il est urgent de faciliter la reconnaissance du caractère professionnel de ces maladies induites par l'utilisation de ces pesticides!



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